Bienvenue, lectrices, lecteurs,
Dans une autre vie, j’avais prévu de profiter de cette semaine pour partir en vacances à l’étranger. Le Covid-19 en a décidé autrement, mais ça ne m’a pas empêché de garder un temps de pause. Je vous ai tout de même préparé quelques recommandations plus ou moins récentes sur les sujets qui m’occupent habituellement ici :
La fracture numérique, aggravée par le coronavirus
17% de la population française est touchée par l’illectronisme, et en période de confinement, cette incapacité à communiquer en ligne accroît l’isolement. Là où elle peut, l’association Emmaüs Connect essaie de lutter contre ce phénomène. (Ouest France)
Clearview, la reconnaissance faciale et la vie privée
Une plongée dans l’histoire d’une des start-ups américaines les plus sulfureuses dans le domaine de la reconnaissance faciale : Clearview AI. La société a construit une application permettant de reconnaître à peu près n’importe qui grâce aux données publiques qu’elle a récupérées sur Facebook, Twitter, et un peu partout en ligne. À noter : au début du mois de mai, Clearview a déclaré mettre fin à tous ses contrats avec des entreprises privées (pour se concentrer sur ceux conclus avec les forces de l’ordre). (Buzzfeed, New-York Times, The Verge)
Tous surveillés, 7 milliards de suspects
Je vous en ai déjà parlé, mais je la recommande à nouveau : belle enquête sur les traces des technologies de surveillance, des rues de Nice jusqu’au Xinjang, province chinoise où la population ouïghoure n’est plus jamais lâchée d’une semelle. Le documentariste Sylvain Louvet souligne aussi bien les extrémités glaçantes auxquelles peut mener l’usage de ces technologies que la manière insidieuse dont la paranoïa et l’angoisse de sécurité peuvent pousser des états démocratiques à s’équiper d’outils dangereux pour les libertés de leurs citoyen·nes. (Arte)
Mort à la ligne
S’il y a un sujet qu’on traite assez peu, au milieu du brouhaha d’internet, c’est celui du décès. Que deviennent nos traces numériques quand on meurt ? Quel effet sur nos proches ? Enjolive-t-on la mort comme on enjolive nos vacances sur Instagram ? Lucie Ronfaut a signé cette semaine une belle série audio sur ce sujet franchement pas simple à aborder et son écoute soulève plein de questions peut-être un peu vertigineuses par moment, mais qui méritent d’être posées. (Binge audio)
Le Syndrome de l’Iceberg
Trois jeunes répondent à une annonce postée sur Facebook, qui leur propose une aventure de rêve : road-trip dans les pays nordiques, tournage d’un documentaire sur le réchauffement climatique, etc. Ce documentaire de trois courts épisodes d’une vingtaine de minutes chacun est fascinant. Pour en faire une juste critique, il va même me falloir recourir à l’emoji : ce film est pensé et monté de telle manière qu’on en ressort… 🤯 (France Tv Slash)
L’hyperandrogénie et le racisme dans le sport de haut niveau
Un article sur le traitement violent réservé aux femmes athlètes noires - en particulier de la coureuse Caster Semenya, experte du 800 mètres, qui se retrouve aux coeur de polémiques sans fin à cause de son hyperandrogénie. Ce sujet aurait pu me passer sous le nez (je ne suis pas exactement du type sportif), mais j’y suis certainement plus sensible depuis que des amies ont publié une longue enquête sur l’ancienne skieuse intersexe Erik Schinneger. Le point commun avec le récit précédant étant l’intrusion et le contrôle très dur appliqué par le monde du sport sur les corps, en particulier féminins, qu’il juge hors norme. La différence étant le racisme que subissent en plus les athlètes noires. (Sbnation, L’Équipe)
L’inégalité genrée du capital
En cette période de crise économique, il me semble nécessaire de réfléchir aux inégalités de répartition économiques entre hommes et femmes. Victoire Tuaillon permet de le faire de manière inédite en interviewant Céline Bessière et Sibylle Gollac, chercheuses et autrices du livre Le genre dans le capital, qu’elles ont écrit après 15 ans de recherche sur le sujet. 1h15 pour réfléchir au fait que, si les égalités de salaire se réduisent lentement, celles de patrimoine sont passées de 9 à 16% entre 1998 et 2015. Ou que les ruptures amoureuses et la transmission de l’héritage sont les deux moments pendant lesquelles ces inégalités explosent. (Les Couilles sur la table)
Les espionnes racontent
Plus de Bureau des légendes ? Pour changer, je vous recommande cette chouette série de 6 épisodes courts et animés sur des femmes ayant travaillé au sein des plus grands services de renseignements du monde. C’est beau, c’est historique, c’est rythmé, et c’est tiré d’un livre d’enquête sur le même sujet signé par la journaliste Chloé Aeberhardt. (Arte)
Je ne sais pas exactement quand ni à quel rythme je reprendrai la Cyberlettre après mes congés - après tout, je l’avais mise sur pause avant le confinement. Mais cela ne m’empêche pas de vous dire à bientôt.
Et prenez soin de vous !
Mathilde